Pour tirer leur épingle du jeu dans un marché de plus en plus compétitif, les entreprises manufacturières n’ont plus le choix : elles doivent tirer avantage de technologies comme l’intelligence artificielle et l’infonuagique. Il en va de leur croissance, voire de leur survie, dans une ère marquée par l’accélération des transformations.
Malgré cette urgence, les entreprises du secteur de la fabrication tardent à déployer ces technologies. Selon une étude menée par la BDC en 2017 auprès de 1 000 entrepreneurs canadiens, seulement 3 % des PME manufacturières auraient numérisé leur production. Trente-six pourcent l’auraient fait partiellement, 17 % seraient en phase de planification et 41 % n’auraient rien fait. Ces données font écho aux résultats de notre quatrième étude annuelle sur l’état des TI dans les moyennes et grandes entreprises canadiennes, conçue en collaboration avec la firme Léger.
En voici les faits saillants pour quatre grands pans : l’intelligence artificielle, la cybersécurité, les ressources humaines et l’infonuagique.
1- Intelligence artificielle : lente implantation
Bien que l’IA, ou l’analytique avancée, ne semble pas pour le moment affecter une majorité d’entreprises du secteur, elles sont de plus en plus nombreuses à considérer l’intégration de cette technologie. De fait, seulement 15 % des organisations manufacturières disent ressentir les bouleversements amenés par l’IA. Cependant, 44 % des entreprises affirment que la technologie aura un impact sur leur entreprise d’ici 1 à 2 ans et 37 %, d’ici 3 à 5 ans.
Un sondage mené par Léger pour le ministère de l’Économie et de l’Innovation auprès de PME québécoises du secteur en 2019 indique que l’intelligence artificielle arrive en troisième place (45 %) des technologies intéressant le plus ces entreprises. Par ailleurs, 65 % des entreprises intéressées à l’intelligence artificielle proviennent de la région de Québec, puis du Centre-du-Québec (54 %) et de la région de Montréal (43 %).
Un tiers des entreprises de ce secteur compte investir en intelligence artificielle dans les deux prochaines années. Actuellement, si 59 % des organisations le font pour augmenter leur productivité, 52 % le font plutôt pour réduire leurs coûts de fonctionnement, ce qui n’est pas étonnant. « Cette donnée n’est pas étonnante, puisque la plupart des entreprises implantent les nouvelles technologies afin d’assurer une amélioration continue de leurs opérations et demeurer compétitives dans le marché », explique Patrick Caron, Directeur Solutions Industrie 4.0 chez NOVIPRO.
Bien que l’IA poursuive son chemin en vue de s’implanter dans les entreprises de ce secteur, force est de constater que son développement s’effectuera davantage dans les prochaines années.
2- Cybersécurité : les cibles favorites
Selon la BDC, le manufacturier figure au cœur de la vitalité économique du pays. Non seulement représente-t-il 10 % du PIB national et a-t-il généré des ventes totales de 648,9 millions de dollars en 2017, mais il a également la capacité d’affecter les autres industries et marchés, puisque de nombreux fournisseurs et fabricants dépendent de produits et services de ce secteur.
Ce contexte fait des entreprises manufacturières des cibles de choix pour les pirates informatiques, puisque leurs données ont le pouvoir de grandement déstabiliser les marchés.
Pourtant, seulement 41 % des entreprises du secteur de la fabrication ont revu leurs pratiques en matière de sécurité des données à la suite des fuites très médiatisées survenues dans le secteur bancaire en 2019. C’est moins que la moyenne nationale qui se situe à 48 %. Parmi les organisations du secteur qui ont resserré leurs protections, 68 % ont choisi d’investir dans des infrastructures et 59 % dans des logiciels pour se prémunir.
Fait préoccupant, le nombre d’entreprises canadiennes victimes d’une cyberattaque a connu une hausse depuis l’année dernière (28 % en 2018 versus 37 % en 2019). Du lot, 35 % des organisations manufacturières figurent parmi les victimes. Quant à la source des menaces informatiques, 41 % des entreprises soutiennent qu’elle provient de l’interne, soit d’un employé qui l’introduit malgré lui en raison d’une mauvaise manipulation. « Les menaces provenant de l’interne sont bien réelles. Les brèches surviennent souvent de manière non intentionnelle, puisque trop d’employés manquent de formation pour détecter les pièges », affirme Roger Ouellet, Responsable de la pratique Sécurité chez NOVIPRO.
Les entreprises ont donc tout intérêt à former adéquatement et fréquemment leurs employés aux meilleures pratiques en matière de cybersécurité. D’ailleurs, 72 % des organisations du secteur l’ont fait dans la dernière année.
3- Ressources humaines : préoccupés par la formation
Un autre défi d’importance auquel font face les entreprises manufacturières est sans contredit la gestion des ressources humaines. Elles n’échappent pas à la pénurie de main-d’œuvre qui sévit au pays.
Dans un autre sondage mené en 2018 par la BDC, 56 % des fabricants ont témoigné de leur difficulté à embaucher au cours des 12 derniers mois. Cette situation semble moins toucher les ressources humaines spécialisées en TI, comme le démontre notre étude.
Parmi les enjeux auxquels le département des TI des organisations du secteur fait face, 61 % disent que le manque de formation et le développement des compétences leur causent des maux de tête. La même proportion déplore le manque de vision dans la gestion des carrières. Questionnées sur leur plus grande préoccupation liée aux ressources humaines, les entreprises canadiennes tous secteurs confondus ont aussi ciblé le manque de formation et le développement des compétences, à 64 %.
4- Infonuagique : solution privilégiée
Les entreprises du secteur de la fabrication sont majoritairement enclines à utiliser la technologie infonuagique en raison de la réduction des coûts qu’elle procure. Alors qu’elle se chiffre à 53 % pour l’ensemble des organisations, elle atteint 65 % chez les manufacturiers. Le sondage développé pour le ministère de l’Économie et de l’Innovation démontre que l’infonuagique (50 %) est la technologie éveillant le plus l’intérêt des entreprises de la fabrication, après la robotisation (57 %). Cette attention portée à l’infonuagique est plus forte chez les entreprises de l’Ouest de la province.
De plus, 30 % des organisations du secteur reconnaissent que l’avenir appartient à l’infonuagique, mais que leur entreprise n’est pas rendue là. Seulement 12 % des fabricants ne croient pas que cette technologie soit appropriée pour leur entreprise.
Pourquoi les manufacturiers investissent-ils en infonuagique? Plus de la moitié d’entre eux (55 %) indique que c’est avant tout pour assurer la sauvegarde des données, puis pour l’analytique (40 %) et finalement, pour optimiser leur site web (40 %).
Finalement, à court terme, les entreprises auraient tout intérêt à se prémunir efficacement contre les cyberattaques afin d’assurer la protection de leurs données, en raison de la diversification et de la complexification des attaques. En effet, celles-ci évoluent souvent à une vitesse beaucoup plus rapide que les entreprises n’implantent leurs solutions. Et à moyen terme, il importe qu’elles s’intéressent aux nouvelles technologies susceptibles de les aider à se démarquer dans une industrie marquée par les bouleversements et une vive concurrence mondiale.
En savoir plus sur le portrait des TI NOVIPRO/LÉGER 2020 : téléchargez l'étude complète.