L’effervescence actuelle dans le monde des TI ouvre la porte à de nouveaux horizons. Aussi, les écoles qui forment les futurs cadres ou dirigeants d’entreprise doivent-elles s’assurer que ceux-ci sont outillés pour tirer profit des technologies afin d’innover, de croître...
« Dans l’entreprise de demain, on aura besoin de gestionnaires capables de négocier le virage technologique, dit Yves Paquette, cofondateur et président-directeur général de NOVIPRO. Il est donc important de s’assurer que la relève est à l’aise avec les TI et comprend le rôle qu’elles jouent dans l’organisation. »
C’est en partie la raison pour laquelle les étudiants de l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia ont, depuis longtemps, des cours de base en TI dans leur cursus scolaire. « Une fois qu’ils ont fait une majeure dans un domaine, indique Anne-Marie Croteau, doyenne de l’École, ils se spécialisent en s’inscrivant à une mineure. On remarque depuis quelques années que les mineures en intelligence d’affaires ou en gestion des TI sont très populaires. Tellement qu’on doit embaucher de nouveaux professeurs... c’est un beau problème ! »
Technologie c. besoin d’affaires
Une relève aux « réflexes TI » aiguisés est donc critique dans un environnement d’affaires qui évolue rapidement. Cela dit, les entreprises devront être ouvertes à recevoir les connaissances qu’apporteront ces nouveaux gestionnaires. « Ce sera une question de survie pour plusieurs entreprises », fait valoir Yves Paquette. Et un défi ! « En ce qui concerne la gouvernance des données, donne en exemple Anne-Marie Croteau, certaines entreprises ont compris l’intérêt d’avoir des données de clients unifiées et partagées, d’autres sont encore prises dans leurs données cloisonnées, avec une partie d’entre elles dans un système, une autre dans un tableur Excel, etc. Bien sûr, le jeune qui arrive en disant que les données doivent être unifiées et partagées risque d’expérimenter de la résistance, mais on travaille à bien l’outiller pour qu’il devienne une force qui contribue à la performance de cette entreprise. »
Alors, comment faire en sorte que les idées des « nouveaux » gestionnaires soient entendues ?
Sur ce point, Yves Paquette croit que la formation a un rôle à jouer. « Il n’y a pas si longtemps, explique-t-il, la formation donnée au personnel s’adressait uniquement aux nouveaux employés. Aujourd’hui, on devrait plutôt former les gestionnaires en place à s’adapter à ce qu’apportent les nouveaux ! »
En revanche, le président-directeur général de NOVIPRO considère que l’apport des « anciens » demeure tout de même crucial. « On peut laisser les jeunes développer et implanter des systèmes extraordinaires, dit-il, mais ils doivent être en mesure de montrer comment l’entreprise peut en bénéficier. » Il croit ainsi que si les plus jeunes ont beaucoup à apporter à l’entreprise, les plus vieux sont les mieux placés pour leur transmettre des connaissances sur celle-ci, ses processus, sa réalité et ses enjeux d’affaires.
Par conséquent, si l’entreprise doit s’ouvrir aux nouvelles idées, le gestionnaire avec un penchant techno a aussi son bout de chemin à faire. « On enseigne à l’École les meilleures pratiques d’analyse des besoins d’affaires ainsi que celles de développement et d’implantation des technologies d’affaires soutenant ces besoins, dit Anne-Marie Croteau, mais les entreprises n’ont pas toujours tous les outils et la structure souhaités pour arriver à implanter concrètement ces meilleures pratiques. »
Pour que l’enseignement soit pertinent, la doyenne souligne l’importance d’exposer régulièrement les étudiants à des situations réelles, par l’analyse de cas faite en classe, l’accès à des stages coopératifs en petites et en grandes entreprises, la participation à des compétitions de cas où des équipes d’étudiants proposent des solutions jugées par des gens d’affaires et des experts de l’industrie. En étant exposés sur une base régulière à la complexité du monde des affaires et technologiques, les étudiants développent de solides bases qui feront d’eux des employés prêts pour le marché du travail et qui les aideront tout au long de leur carrière.
Libres échanges
Une entreprise qui souhaite mettre en commun les idées des uns et l’expérience des autres a ainsi tout intérêt à créer des « espaces d’échanges ». Des zones de remue-méninges, en somme, où les équipes sont invitées à confronter les nouvelles idées à la réalité.
Des entreprises ouvertes aux échanges, avec autour de la table des gens qui ont une connaissance pointue du cadre d’affaires dans lequel l’entreprise évolue, mais aussi des gens qui ont les antennes allumées sur les technologies émergentes, voilà un terreau fertile pour l’innovation.